Un message publié par Canadian Black Book (CBB) dans LinkedIn le 13 février dernier a eu l’effet d’une bombe. On y annonçait le départ à la retraite d’Yves Varin, le directeur national du service d’alimentation de données. Le 26 avril prochain, ce vétéran du secteur commercial de l’industrie automobile, artisan de nombreuses transformations importantes, quittera donc son poste.
« Il y a toujours une dose de pression et de stress dans un travail. Et le stress, veut, veut pas, ça n’aide pas la santé. Après 14 années passées chez CBB, je crois avoir fait le tour du jardin. Et puis, je viens d’avoir 63 ans et la qualité de vie devient chaque année plus importante. Alors, j’en suis venu à la conclusion que c’est peut-être le bon moment de tirer ma révérence », nous a expliqué candidement M. Varin lors d’une entrevue exclusive en ajoutant : « Mais quelle belle entreprise ! Et quelle belle job j’ai eue tout ce temps-là ! »
Dans l’attente de l’embauche de la perle rare qui lui succédera, une personne avec qui il a hâte de partager son savoir et son expérience, M. Varin a jeté pour nous un bref regard sur son parcours professionnel long de trois décennies qui a émaillé le monde automobile d’une foule de réalisations permettant d’optimiser et de simplifier les processus de vente des véhicules, au profit du marchand et du consommateur.
Une belle entreprise
Enthousiaste comme pas un, ce gestionnaire se remémore d’abord les nombreux projets liés à de jeunes pousses (ou start-ups), à des revendeurs de solution informatique et même à des organismes gouvernementaux, sur lesquels il a travaillé chez CBB. Il évoque, entre autres, le plaisir d’avoir travaillé avec plusieurs entreprises d’envergure nationale, qui concevaient ou offraient des produits et services qui ont permis de mieux encadrer les transactions et de simplifier le processus de vente des marchands, mais aussi des groupes comme AutoCanada et Dilawri pour lesquels il a développé diverses solutions. C’est sans oublier les fournisseurs de sites Internet, qui ont adopté ses produits d’évaluation de la valeur d’échange ou du calcul d’équité par le truchement des logiciels de gestion de la relation du client (CRM) et plus. « C’était de l’informatique au service du consommateur et tout cela a mené au commerce électronique et au desking, deux tendances qui ont explosé avec la pandémie », se souvient M. Varin.
Les efforts déployés avec succès pour les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Manitoba, pour améliorer leurs processus de perception des taxes de ventes de véhicules, le réjouissent tout autant. Après tout, cela lui rappelle son passage chez Trader, de 1995 à 2000, et le lancement du Guide d’évaluation Hebdo publié par Hebdo Mag International, la maison-mère d’antan. Cet incontournable guide imprimé d’alors a mené à l’informatisation de la base de données des numéros de série des véhicules (NIV) qu’utilise toujours la SAAQ. « Le Guide a été adopté par le ministère des Finances du Québec le 7 octobre 1997. Ça a été mon premier gros coup fumant », se remémore M. Varin en esquissant un sourire de satisfaction.
Durant cette période intense, ses patrons souhaitaient voir leur entreprise apprivoiser l’informatique à la vitesse grand V. « Rappelez-vous tous ces magazines hebdomadaires d’HebdoMag. J’avais été embauché pour informatiser leur production, entre autres par l’adoption de caméras numériques et du direct aux plaques pour l’imprimerie. Tout cela nous permettait de gagner deux jours sur le processus de production normal et, donc, de vendre plus d’annonces. Puis, on a eu l’idée de créer une base de données avec toutes ces annonces. Mais là, il a fallu entraîner les représentants à utiliser un ordinateur, à remplir des fiches avec ‟année, marque, modèle, type de carrosserie, etc.ˮ, et surtout à écrire Chrysler avec un y et pas un i ! » Tout cela dans le but de créer des sites Web pour concessionnaires, la nouvelle tendance de l’heure. Il esquisse de nouveau un sourire.
Suivra son passage chez BCE Emergis, une filiale de Bell. C’était en 2000 et ses mandats consistaient à informatiser le RDPRM partout au Canada (PPSA) ainsi qu’à développer une solution pour transmettre les applications de crédit aux prêteurs. Des projets monumentaux !
Un fil conducteur
En jetant un regard sur toutes ces années, M. Varin constate que sa carrière a suivi un fil conducteur : « Tous ces projets servaient à encadrer les transactions des marchands et à les rendre le plus simples possible. » Même en se remémorant son bref passage chez Wells Fargo, au début des années 2000, il revoit la même chose, puisqu’il travaillait au développement d’une formule de crédit alternatif appelé alors « la deuxième chance ».
Et pourtant, dans sa jeunesse, lorsqu’il travaillait en photographie chez Simons, puis chez L.L.Lozeau, avant d’entrer chez Polaroid Canada, rien ne laissait présager un parcours ayant un impact pareil sur le monde automobile. M. Varin se réjouit d’ailleurs d’avoir développé un esprit critique très tôt dans sa vie; en fait, dès son passage au Collège des Eudistes. « C’est là que j’ai appris à réfléchir, à développer une méthode de travail, à être créatif pour décortiquer un problème et arriver à une solution. »
Alors qu’il s’apprête à amorcer une nouvelle étape de sa vie, Yves Varin contemple avec grand intérêt la possibilité qu’il aura bientôt de voyager pour le plaisir durant plus d’une semaine à la fois ! Il reconnaît cependant la chance inouïe que la vie lui a donnée d’avoir été « le gars le plus chanceux du monde, qui est arrivé dans le domaine de l’automobile alors que les ordinateurs faisaient leur apparition, et surtout de me rendre jusqu’où j’en suis aujourd’hui », une époque qu’il décrit comme l’aube de l’intégration de l’IA, le nouveau fer de lance de l’industrie.
« J’ai été choyé d’être sur la première ligne d’une foule de projets intéressants et d’être toujours à la bonne place au bon moment », reconnaît M. Varin. Puis, esquissant un dernier sourire, il ajoute : « Tous les processus qui ont été développés et tous les changements qu’on a vécus jusqu’ici, d’après moi, seront améliorés par l’IA. Mais pour développer tout ça, il va falloir une autre tête que la mienne ! »