Récemment, ASOTU, un média automobile américain principalement actif sur les médias sociaux, rapportait la chose suivante :

Stellantis s’engage à améliorer ses relations avec les concessionnaires après la baisse des ventes de Jeep, Dodge, Ram et Chrysler en 2024.

En recentrant la collaboration avec les concessionnaires, l’entreprise propose :

  • des versions abordables du Ram 1500 ;
  • une version à essence de la Dodge Charger ;
  • une meilleure autonomie décisionnelle régionale ;
  • certains modèles Jeep affichés à 7 000 $ de moins pour 2025.

La direction de Stellantis affirme que ces changements visent à accroître les ventes et la compétitivité.

« Notre nouvelle approche consiste à lever les restrictions inutiles pour nos concessionnaires et à nous assurer que nous sommes alignés afin de réussir ensemble dans un marché concurrentiel », a déclaré Antonio Filosa, chef de l’exploitation de Stellantis pour l’Amérique du Nord.

 

Curieux de connaître l’avis des concessionnaires du Québec, nous avons sollicité l’opinion d’un dirigeant d’une concession Stellantis dans la province.

Préférant répondre sous le couvert de l’anonymat, voici les grandes lignes de sa perspective :

On sent un réel désir de changement à l’interne chez Stellantis, mais il faudra que les actions suivent les paroles. Le commentaire de Filosa, dans son contexte, concerne principalement le marché américain, mais risque d’avoir des retombées au Canada. Filosa est un joueur qui provient du côté FCA et non PSA de l’alliance Stellantis. Il a donc connu les belles années de gros volumes en Amérique du Nord sous le leadership de Sergio Marchionne. Son objectif est de nous aider à collectivement reprendre notre place comme joueur de volume sur le marché. En tant que concessionnaires, on tente de demeurer positifs malgré tout, mais la grogne se fait clairement sentir dans le réseau en raison des inventaires encore trop élevés et de l’aide du manufacturier qui tarde à venir. Le temps que le paquebot change de direction, il sera inévitablement trop tard pour certaines concessions qui n’ont pas les reins solides ou qui ne sont pas gérées de près par un opérateur attentif.

 

Le Ram, version « abordable »

Les versions abordables du Ram 1500 sont essentielles afin de remplacer le 1500 Classic, qui était un camion à volume, si on souhaite regagner nos parts de marché face à GMC et Ford. Malgré le fait que le modèle était vieillissant, il représentait tout de même un bon volume de ventes mensuel pour les concessionnaires, et le prix des nouvelles moutures, lors de leur arrivée, était tout simplement trop élevé pour remplacer le Classic.

 

Dodge Charger à essence

Selon plusieurs, le Charger à essence ne sera fort probablement pas un produit à volume pour le Canada, contrairement aux États-Unis, où les berlines pleine grandeur et les coupés sont monnaie courante. Les VUS ont beaucoup plus la cote que les berlines et les coupés sur notre marché. Il s’agira fort probablement d’un produit marginal, à moins que le prix ne soit tellement alléchant qu’un consommateur aurait tort de l’ignorer.

 

Des décisions régionales

L’autorité décisionnelle décentralisée commence à se faire sentir. Depuis l’automne 2024, et surtout depuis le départ de Carlos Tavares, on sent que l’Amérique du Nord reprend son indépendance face à l’Europe et que les districts ont maintenant plus de latitude pour opérer. C’est une excellente chose, car la philosophie européenne n’a que rarement eu du succès ici.

 

Des modèles Jeep un peu moins dispendieux

Quand on parle de modèles Jeep moins dispendieux, il faut être prudent. Nous avions eu plusieurs annonces fin 2024 pour les modèles 2025 avec des repositionnements de prix majeurs (Compass Sport et North, Wrangler 2 portes). Hélas, en date du 1er février, les concessionnaires ont reçu plusieurs avis faisant état d’augmentations de prix, notamment sur les produits ayant fait l’objet de repositionnements. Pour le Canada du moins, la faiblesse du dollar local fait mal, et le manufacturier n’a d’autre choix que de réajuster ses prix à la hausse. Une chose est certaine, le succès des nouveaux modèles qui feront leur entrée en 2025 sera directement lié aux prix auxquels ils seront introduits, considérant l’instabilité économique et la compétitivité des segments dans lesquels Stellantis opère.

 

De plus…

La Charger Daytona et le Wagoneer S auront des défis importants à relever, leur arrivée en concession coïncidant avec l’arrêt des subventions gouvernementales pour les véhicules zéro émission. Il faudra voir si les consommateurs seront prêts à payer la prime pour rouler électrique. Malgré le message véhiculé dans les médias lorsque certains manufacturiers ont accepté de pallier l’arrêt improvisé du programme iZEV du fédéral, les marges sur les VZE demeurent très minces. Cette décision était davantage une offensive de relations publiques afin d’offrir une expérience positive aux clients qui, malgré le fait qu’il s’agisse d’une décision gouvernementale, auraient une fois de plus jeté leur frustration et leur haine sur les concessionnaires et, à certains égards, sur les manufacturiers. La réalité est que les manufacturiers préfèrent, tant qu’à perdre de l’argent, donner une somme au consommateur plutôt que de la remettre au gouvernement. À perte égale, aussi bien soutenir la main qui les nourrit.

 

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