L’imposition d’une taxe de 25 % sur les importations américaines en provenance du Canada et du Mexique pourrait avoir des conséquences majeures sur l’industrie automobile canadienne. Cette mesure risque d’entraîner une hausse des prix des véhicules neufs et usagés, de perturber la chaîne d’approvisionnement et de menacer des milliers d’emplois. Article rédigé par Alexandre Viau, copropriétaire et directeur général du Groupe Deragon.

Voici quelques indices qui prônent à cette faveur :

Hausse des prix des véhicules neufs

Les grands constructeurs nord-américains tels que Ford, General Motors, Stellantis, Honda et Toyota s’approvisionnent en pièces fabriquées au Canada et au Mexique, notamment des moteurs, transmissions, châssis et composants électroniques. Avec une taxe de 25 % sur ces importations, les coûts de fabrication vont grimper, affectant particulièrement les véhicules assemblés aux États-Unis avec des pièces canadiennes ou mexicaines.

N’ayant d’autre choix que de répercuter ces coûts sur les consommateurs, les constructeurs pourraient augmenter le prix des véhicules neufs de 3 000 $ à 7 000 $, selon le modèle et la proportion de composants importés du Canada.

Les modèles populaires comme le Ford F-150, le Honda CR-V et le Chevrolet Equinox, assemblés aux États-Unis avec des pièces canadiennes, seraient parmi les plus touchés.

Hausse du prix des véhicules usagés

L’impact ne se limitera pas aux voitures neuves. Les concessionnaires canadiens vendent habituellement une partie de leurs véhicules usagés aux États-Unis, où la demande est forte et les prix souvent plus avantageux. Avec ces nouveaux tarifs, ces exportations pourraient chuter, entraînant une accumulation de stocks au Canada et une hausse des prix sur le marché intérieur. Qu’à cela ne tienne, une dépréciation substantielle du huard devrait être observée pour contrer cette taxe : advenant le cas, d’autres enjeux émergeraient.

Selon les analystes des experts, les prix des véhicules usagés au Canada pourraient augmenter de 10 à 20 % d’ici six à douze mois. Par exemple, un véhicule actuellement vendu à 25 000 $ pourrait voir son prix grimper entre 27 500 $ et 30 000 $ durant cette période.

Il faut toutefois rester prudent, car le Président Trump pourrait faire volte-face à tout moment : l’incertitude demeure et il sera crucial de suivre l’évolution de la situation.

Une menace pour les emplois dans le secteur de l’automobile

L’industrie automobile canadienne est profondément intégrée à celle des États-Unis et du Mexique, une augmentation soudaine des coûts de production pourrait entraîner :

  • Un ralentissement ou une délocalisation des usines d’assemblage de Ford, GM, Stellantis, Honda et Toyota en Ontario et au Québec.
  • Une mise en péril des fabricants de pièces automobiles d’ici, notamment ceux spécialisés dans les transmissions, moteurs, châssis et composants électroniques.
  • Un impact direct sur l’industrie de l’acier et de l’aluminium, qui exporte massivement vers les États-Unis.
  • Des perturbations dans le transport et la logistique, secteur qui dépend fortement de l’importation et de l’exportation de pièces et de véhicules.
  • Une pression accrue sur les concessionnaires automobiles, qui devront gérer une hausse des prix et une possible baisse des ventes de véhicules neufs.

Moins de production locale signifie également une augmentation des importations coûteuses de véhicules finis en provenance des États-Unis, mais aussi d’autres marchés comme la Corée du Sud, le Japon et l’Europe.

Un choc pour le marché automobile canadien

Ces nouveaux tarifs entraîneraient une hausse immédiate des coûts des véhicules, exerçant une pression supplémentaire sur les consommateurs – un effet comparable à la hausse des taux d’intérêt, mais potentiellement encore plus dévastateur selon la durée de ces mesures.

Cette décision pourrait aussi alimenter l’inflation américaine et bouleverser le marché automobile nord-américain, compliquant l’accès aux véhicules pour de nombreux Canadiens.

Enfin, des mesures de rétorsion de la part du Canada et du Mexique ne sont pas à exclure, ce qui pourrait encore plus intensifier les tensions commerciales.

À suivre car tout ceci pourrait changer du jour au lendemain, le temps même de publier ce texte.

À propos de l’auteur

Alexandre Viau, copropriétaire et directeur général du Groupe Deragon.

Passionné d’aviation et pilote privé, Alexandre Viau est marié depuis 25 ans et père de trois enfants : sa famille constituant une source inestimable de soutien et de motivation. Ses études en actuariat, suivies d’un MBA, témoignent de son affection pour les chiffres, l’économie et la gestion sous toutes leurs facettes. Fort de 25 ans d’expérience en actuariat, finance et gestion de portefeuille, il est actuellement copropriétaire et directeur général du Groupe Deragon à Cowansville. Avant de rejoindre l’industrie automobile en 2019, M. Viau a occupé des postes de direction, notamment celui de premier vice-président à la Banque Nationale Gestion privée 1859, où il supervisait la croissance et l’expérience client dans l’Est du Canada. Titulaire d’un MBA de McGill-HEC Montréal, il continue d’apprendre et de développer son leadership au sein du Groupe Deragon.

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