Après trois journées inaugurales qui ont attiré plus de 66 000 visiteurs au Palais des congrès et une semaine occupée, la 79e édition du Salon international de l’auto de Montréal (SIAM) entame sa dernière étape. Des conditions climatiques clémentes pourraient d’ailleurs favoriser sa seconde et dernière fin de semaine d’activités qui débute aujourd’hui. Des conditions qui permettent d’imaginer que l’assistance dépassera la barre de 150 000 visiteurs frôlée l’année dernière.
Les augures pourraient aussi prétendre que le succès remporté par le Gala de l’avant-première-bénéfice (APB) du SIAM, jeudi dernier, avait quelque chose de prémonitoire. Après tout, la générosité des 3 562 convives (presque 350 de plus que l’an dernier) et autres partenaires a permis à la Corporation des concessionnaires d’automobiles de Montréal (CCAM), qui organise le SIAM, de remettre 572 800 $ à cinq fondations hospitalières du grand Montréal. Une somme qui porte à plus de 10,5 millions de dollars le total des dons injectés par la corporation dans différents projets du domaine de la santé depuis 2005.
Retour de grandes marques et d’un salon sur trois étages
Mais encore, si le public répond si favorablement à l’appel depuis l’ouverture du salon, c’est parce qu’on lui a fait miroiter, entre autres, la retour de grandes marques absentes l’année dernière dans une exposition étalée sur trois étages plutôt que deux, comme avant la pandémie.
Il est vrai que l’édition 2024 du salon a meilleure mine grâce au retour de Ford et Lincoln, de même que de Nissan et Infiniti, quatre grandes marques représentées par leurs constructeurs. Volkswagen et Mitsubishi figurent également au programme, mais grâce à une implication de concessionnaires et, dans le cas de la marque nipponne, d’une collaboration du constructeur.
Au total, ce sont presque vingt marques qui sont présentes au salon cette année. Malgré l’absence d’une quinzaine d’autres (dont Subaru, Mini et Lotus, qui étaient là en 2023), le salon bénéficie néanmoins d’une douzaine de primeurs canadiennes, notamment une camionnette Tesla Cybertruck dont la silhouette excentrique ne laisse personne indifférent. Présente pour une seconde année d’affilée, la marque vietnamienne VinFast suscite également beaucoup d’intérêt avec sa gamme de VUS électriques, mais aussi avec son minuscule VUS VF 3 et un véhicule-concept appelé VF Wild. Cette camionnette en devenir, on ne la reverra pas au salon de Toronto, puisqu’on l’attend en Indonésie le mois prochain, où elle sera en vedette au salon de Jakarta.
Les VÉ suscitent beaucoup d’intérêt
Salon Luis Pereira, directeur exécutif du SIAM, la multiplicité des véhicules électriques (VÉ) constitue un point fort du salon cette année encore. « L’an dernier, on en avait beaucoup, mais cette année on en a encore plus », nous a-t-il dit.
La popularité des essais routiers organisés par CAA-Québec reflète l’engouement croissant des visiteurs à l’égard des VÉ, confirme M. Pereira. Un engouement stimulé par l’arrivée de nombreuses nouveautés sur le marché. D’ailleurs, parmi la douzaine de modèles proposés pour ces essais cette année, les responsables de CAA-Québec nous apprennent que le Nissan Ariya et le Toyota bZ4X, grands favoris des essayeurs l’an dernier, ont cédé leurs places aux nouveaux venus que sont le Kia EV9 et le VinFast VF 8.
Avec des marques en moins, en récupérant le cinquième étage du Palais des congrès, les organisateurs du SIAM ont dû imaginer une façon nouvelle d’étoffer le salon. La solution a pris la forme de la Zone des véhicules de loisirs et sports motorisés, une des dix attractions spéciales que compte le salon. Cet espace où se côtoient motos, quads, motoneiges et bateaux « ajoute une touche de lifestyle au salon », affirme M. Pereira.
Pour Denis Dessureault, le vice-président exécutif de la CCAM et du SIAM, cette initiative amorce aussi le repositionnement du salon; une démarche amorcée l’automne dernier. « On retravaille le nom de l’événement, son concept et son contenu. Voilà ce qu’on a commencé à faire cette année avec cette zone, qui est plus du genre lifestyle », explique-t-il en ajoutant qu’une majorité de visiteurs et d’exposants s’en disent satisfaits.
« On présente ainsi la mobilité sous tous ses angles. D’autant plus que ces jouets-là ont tous besoin d’un véhicule pour être déplacés d’un endroit à l’autre ! Et puis, pour certains visiteurs, ça devient une forme d’initiation puisque, autrement, ils ne se seraient jamais rendus à un salon du bateau, du VR ou du 4×4. Là, ils sont surpris et font preuve de curiosité. » Les exposants de cette zone se disent même très heureux d’avoir fait des rencontres qui, d’après eux, pourraient déboucher sur des ventes au cours des prochains mois, nous a appris M. Dessureault.
Mousser les ventes printanières
Car la vente demeure le nerf de la guerre. « Immédiatement après le salon, les concessionnaires voient l’achalandage augmenter dans leurs concessions, rappelle M. Dessureault. D’ailleurs, lorsque le salon a été relancé en 1969, c’était pour mousser les ventes du printemps. Aujourd’hui encore, ça reste vrai. »
Le salon joue aussi un rôle de déclencheur auprès des consommateurs. « Nos sondages démontrent qu’environ 40 % des gens qui viennent au salon ont l’intention d’acheter un véhicule dans les 12 mois qui suivent. Il y en a qui viennent confirmer leur décision et d’autres qui veulent découvrent de nouveaux produits. D’autres, enfin, viennent simplement se tenir au courant des nouveautés. Il y a l’internet, c’est vrai, mais il n’y a rien comme sentir, toucher et comparer des véhicules sous un même toit, surtout dans un environnement sans pression », ajoute M. Dessureault.
Dans ce contexte, à l’instar de son collègue, M. Pereira reconnaît l’importance d’accroître le nombre de manufacturiers présents. « On l’entend dans les commentaires du public et beaucoup de gens pensent que c’est à cause de nous qu’ils sont absents. Mais, nous, on tout fait pour qu’ils viennent. Ils ont leurs raisons pour justifier leur absence. Alors, on a déjà commencé les démarches et les discussions avec ces absents, mais aussi avec de nouvelles marques comme Lucid et Rivian, pour qu’il y en ait plus de présentes en 2025 », dit-il.
Des concessionnaires qui font la différence
Car les concessionnaires veulent toujours d’un salon. « La preuve, ce sont les concessionnaires Mitsubishi qui ont fait des démarches avec leur constructeur pour être présents, de même que les cinq concessionnaires Volkswagen qui se sont réunis pour représenter leur marque au salon », explique M. Dessureault. « Les visiteurs sont super contents. Lundi matin, j’ai envoyé à un concessionnaire une photo du kiosque Volkswagen. Il était bondé ! Je lui ai demandé : combien de concessionnaires ont un achalandage pareil le lundi matin à 11h00 ? Il a simplement répondu : une image comme celle-là vaut mille mots ».
Tristement, certains manufacturiers ont empêché des concessionnaires de représenter leurs bannières au salon, notamment Stellantis et BMW. M. Dessureault explique qu’il « leur fallait le décor « corporate » ou rien d’autre. C’était une question d’image. »
Selon ce dernier, les concessionnaires Volkswagen et Mitsubishi présents au SIAM se disent satisfaits de la visibilité dont ils ont bénéficié. « Il y aura sûrement des leads qui auront des suites pour eux. Et ça, c’est la raison d’être d’un salon de l’auto. Il nous reste maintenant à convaincre les autres manufacturiers de revenir. Mais ce problème-là n’est pas unique à notre salon. C’est un problème qu’on observe à travers le monde », reconnaît M. Dessureault.
Photos : Luc Gagné et SIAM