Les consommateurs veulent des véhicules PHEV 

Et si des consommateurs étaient prêts à débourser davantage pour un véhicule hybride rechargeable que pour un électrique ? Voilà l’hypothèse avancée par Hyundai. Lors d’un entretien mené avec Michael Ricciuto, le constructeur coréen a partagé cette vision de l’avenir. D’emblée, il importe de savoir que M. Ricciuto occupe le poste de directeur, produits et stratégie corporative chez Hyundai Canada et qu’il a une impressionnante feuille de route dans le secteur automobile. Par: Germain Goyer, chroniqueur automobile. 

 

À la suite de cette affirmation pour le moins étonnante déclarée lors de la présentation officielle d’un nouveau produit en Colombie-Britannique plus tôt cette année, Michael Ricciuto a été invité à préciser sa pensée. D’abord, rappelons que le gouvernement du Canada veut que 100 % des véhicules neufs vendus en 2035 soient considérés comme étant à zéro émission et qu’en 2030, ce seuil soit à 60 %. Selon Michael Ricciuto, « on ne pourra pas se rendre à l’étape où tout le monde voudra acheter un véhicule 100 % électrique ». Il croit que certains consommateurs ne seront pas intéressés par le fait de composer avec la recharge, tandis que d’autres ne le seront tout simplement pas de conduire un véhicule électrique. Dans cette optique, une part des conducteurs pourraient être prêts à débourser davantage pour posséder un véhicule PHEV plutôt que pour un qui serait entièrement électrique. 

 

S’ils ont plus de 80 km d’autonomie, les véhicules PHEV seront considérés au même titre que des véhicules 100 % électriques 

 

Afin de mettre toutes les chances de son côté pour atteindre ses objectifs ambitieux en matière d’électrification des transports, le gouvernement du Canada a statué que les véhicules hybrides rechargeables dont l’autonomie allait être d’au moins 80 km seront considérés comme des véhicules 100 % électriques. Il importe de préciser qu’à l’heure actuelle, d’après les données fournies par Ressources naturelles Canada, aucun véhicule PHEV ne peut se vanter d’avoir une telle autonomie électrique. Le Mercedes-Benz GLE 450 4Matic peut parcourir jusqu’à 77 km avec une charge complète, ce qui le place au premier rang du palmarès des plus longues autonomies. Soulignons que d’autres modèles hybrides rechargeables proposent une portée raisonnable pour le moment. C’est le cas des Toyota Prius Prime (72 km) et Toyota RAV4 Prime (68 km). 

 

Le catalogue Hyundai 2024 ne comprend qu’un seul modèle PHEV, soit le Tucson hybride rechargeable. Dans son cas, l’autonomie électrique est de 53 km. Pour atteindre le cap des 80 km afin qu’il soit considéré au même titre qu’un véhicule 100 % électrique par le gouvernement, il faudrait lui greffer, par exemple, une batterie dont la capacité en kWh serait supérieure. Un tel exercice augmenterait les coûts de construction en plus de faire accroître le poids du véhicule. Le tout aurait donc une incidence sur le prix de vente, d’après les explications de M. Ricciuto. Il prévoit qu’à un certain point, la demande sera très forte pour cette catégorie de véhicules hybrides rechargeables et que les consommateurs seront prêts à payer une prime pour mettre la main sur l’un d’eux. 

Michael Ricciuto, Directeur, produits et stratégie corporative chez Hyundai Canada.

 

Les profits doivent demeurer au rendez-vous 

 

Un constructeur automobile n’est pas un OBNL. Il doit engranger des profits. Pour l’heure, Hyundai en fait moins avec ses véhicules hybrides rechargeables et 100 % électriques qu’avec ses véhicules à essence, d’après Michael Ricciuto. Pour que la part de profit des véhicules PHEV soit revue à la hausse, deux options s’offrent au constructeur : hausser le prix de vente ou diminuer les coûts de production. Or, dans l’optique selon laquelle on devra inclure une batterie à plus grande densité afin de respecter les normes gouvernementales, il est difficile d’imaginer qu’on puisse réduire les coûts significativement. Michael Ricciuto estime que les coûts de construction d’un véhicule comme le Santa Fe, avec une technologie lui permettant de parcourir 80 km ou plus en mode électrique, seraient carrément plus élevés que ceux liés à la construction d’une Ioniq 5. 

 

Étonnamment, il n’y a pas de nouveaux véhicules PHEV à l’horizon chez Hyundai 

 

Malgré tout ce discours selon lequel les véhicules PHEV ne seraient pas que transitoires et que la demande pour ceux-ci pourrait s’avérer très forte au fil des années à venir, Michael Ricciuto affirme qu’il n’y a aucun plan dans les cartons pour Hyundai de commercialiser un autre véhicule hybride rechargeable en Amérique du Nord. 

 

Pourtant, on se rappellera que la précédente génération du Hyundai Santa Fe était livrable avec la technologie hybride rechargeable. Qui plus est, la nouvelle génération de ce VUS à trois rangées est disponible avec la technologie hybride rechargeable sur d’autres marchés, notamment en Europe. Au cours de cette entrevue, Michael Ricciuto a expliqué que cette décision a été prise alors qu’on ne savait pas encore que 20 % des ventes de véhicules électriques allaient pouvoir être constituées, en fait, de véhicules hybrides rechargeables. Également, il est coûteux pour un constructeur d’homologuer un nouveau véhicule pour le Canada quand les États-Unis ont choisi de ne pas le commercialiser. D’après des statistiques fournies par Hyundai, seulement 2,9 % des véhicules neufs qu’elle a vendus en 2023 étaient munis de la technologie hybride rechargeable. En revanche, 11,4 % de ses ventes concernaient des véhicules hybrides et 22,2 % des véhicules entièrement électriques. 

 

Enfin, pour un constructeur automobile, la situation actuelle est un « véritable casse-tête », avoue Michael Ricciuto. Avec une planification qui s’étire sur plusieurs années, les dirigeants des constructeurs doivent répondre à la demande de la clientèle, autrement dit livrer le type de véhicule qui correspond aux critères d’achat du consommateur, en plus de répondre aux normes gouvernementales, qui sont de plus en plus strictes. 

 

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