Bernard Durand : De l’Innocenti à la caverne d’Ali Baba
L’industrie automobile offre parfois des parcours de carrière inusités. Parlez-en à Bernard Durand. Dans le faste de Lamborghini Montréal, concession de John Scotti Automotive à Kirkland, Monsieur Lambo & Lotus (comme disent ses clients) nous a raconté comment de petites Innocenti l’ont conduit à cette caverne d’Ali Baba.
Durand Pontiac Buick à Laval
Son père, Normand Durand, l’expose très tôt à l’automobile. Distributeur AC Delco, il devient le plus jeune concessionnaire GM montréalais à 34 ans lorsqu’il ouvre Durand Pontiac Buick à Laval, en 1969. Bernard n’a que 11 ans, mais « depuis longtemps, il y avait de l’auto dans mes céréales », dit-il en montrant une photo de lui aux commandes d’une boîte à savon.
Concessionnaire Innocenti
Plusieurs années durant, il épaule son père à la concession familiale, puis, après sa fermeture en 1982, chez Les Automobiles Bernard Durand, un commerce de véhicules d’occasion qui devient concessionnaire Innocenti en 1984. Importée d’Italie par Incacars, entreprise de Dino Rivera, cette sous-compacte peu coûteuse (4995 $ à ses débuts) séduit bon nombre de Québécois. « Vendre une Innocenti exigeait plus d’imagination que pour une grosse américaine, rappelle Bernard. Pour les sceptiques, je faisais des démonstrations à 170 km/h avec la version Turbo ! »
Automobiles Élégante
Une fiabilité relative et une campagne de boycottage lancée par Phil Edmonston, de l’APA, mettent fin à l’aventure d’Incacars dès 1986. Heureusement, lors des réunions de concessionnaires Innocenti, Bernard a fait connaissance avec André Laporte, président d’Automobiles Élégante. « Ce concessionnaire Jaguar et Saab de l’est de Montréal cherchait un second représentant pour Jaguar, mais aussi pour liquider ses Innocenti », dit-il en riant. Cette porte d’entrée sur le haut de gamme le mènera à la direction d’une concession Saab créée lorsque le constructeur suédois reprend le contrôle de sa marque au Canada.
…et puis arrive John Scotti
En 1990, John Scotti lui propose un poste à sa concession voisine. « J’allais vendre des Volvo, mais aussi des sports cars. » Il se souvient de sa première incursion dans la « caverne d’Ali Baba », l’entrepôt du sous-sol. « Il y avait cinq Lamborghini Countach côte à côte. ‟Elles ne sont pas à vendre”, m’a prévenu John. Ça commençait bien ma carrière chez Scotti. Mais il a ajouté : ‟T’en fais pas. Elles nous font vendre beaucoup d’autres autos.” Après tout, c’était LE spécialiste des Porsche, Lotus, Lamborghini et Ferrari d’occasion au Québec. »
M. Lotus et bien plus encore
Au fil des ans, les ventes de voitures classiques se marient au commerce des marques exotiques comme Alfa Romeo, Hummer et Lotus. « L’arrivée de l’Elise en 2006 m’a marqué. J’en ai vendu 80 ! Le président de Lotus m’a même téléphoné pour me féliciter. »
Bernard évolue aujourd’hui dans l’environnement somptueux de la concession de l’ouest de Montréal, où loge depuis 2015 la division Luxe et prestige de John Scotti. Un lieu où Lotus prendra bientôt plus de place, comme le suggère la soixantaine de réservations qu’il a pour la nouvelle Emira.
« Quand tu as la passion de l’automobile, tu ne peux pas être mieux qu’ici ! Ça implique beaucoup d’heures de travail; depuis 30 ans, je suis présent tous les soirs. Mais qui a la chance de représenter des marques comme Lamborghini et Lotus ? Au fond, mon parcours de carrière était tracé rien que pour moi. »
Photos : Bernard Durand et Luc Gagné Partager