Rares sont ceux qui ont la chance de travailler pour une entreprise mythique de l’industrie automobile durant leur carrière. Andrea Baldi, lui, peut se vanter d’en être à sa deuxième; deux marques de renom de Bologne, en Italie, la ville où il a étudié. Après avoir achevé sa formation en génie industriel à l’Université de Bologne, il décroche un poste chez Ducati, le grand constructeur de motos. Il y passera presque une décennie.
En décembre 2010, un autre constructeur bolognais le recrute : Lamborghini. Il y fait ses débuts un peu moins de deux ans avant que cette marque italienne ne devienne propriétaire de Ducati. Chez Lamborghini, il occupe d’abord différents postes de direction pour l’Asie, marché qu’il connaît bien, puisqu’il a terminé son mandat avec Ducati à la direction des ventes de la région Asie-Pacifique. Puis, de 2018 à 2021, on devient responsable d’une région bigarrée réunissant l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.
En août 2021, il est nommé président et chef de la direction d’Automobili Lamborghini America. Il succède à Alessandro Farmeschi qui, après avoir effectué un mandat de sept ans, retourne au siège social de la marque, à Sant’Agata Bolognese, où il dirige aujourd’hui l’après-vente à l’échelle mondiale.
Baldi, pour sa part, assume désormais l’entière responsabilité des ventes sur le continent américain, du nord au sud, en particulier aux États-Unis, le premier marché mondial de la marque.
AutoMédia a rencontré Andrea Baldi lors de l’inauguration des nouvelles installations de Lamborghini Montréal du Groupe John Scotti, en juillet. Nous lui avons posé quelques questions.
Vous qui avez consacré près de 10 années à Ducati et 13 autres à Lamborghini, voyez-vous des similitudes entre ces deux marques et leurs clientèles ?
Andrea Baldi — Lamborghini et Ducati entretiennent une relation solide. Les deux marques repoussent les limites en ce qui concerne la technologie, la performance et l’innovation, tout en offrant aux clients une expérience viscérale.
Comment se compare le marché de l’Amérique du Nord par rapport aux autres marchés de Lamborghini ?
Andrea Baldi — L’Amérique du Nord est le principal marché de l’entreprise. Au premier semestre de 2023, Lamborghini a livré 1625 véhicules aux États-Unis, suivis par le Royaume-Uni, qui en a reçu 514.
Quelle ampleur a le marché américain et comment se compare-t-il avec les autres marchés nationaux de votre région, par exemple le Canada ?
Andrea Baldi — Les États-Unis sont le marché n° 1 pour l’entreprise. L’année dernière (2022), les États-Unis ont livré 2721 voitures (en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente). Par ailleurs, le marché canadien a poursuivi sa tendance à la hausse. Au premier semestre de 2023, Lamborghini y a livré 191 voitures, soit une augmentation de 31 % par rapport à 2022.
En septembre, Lamborghini a inauguré sa première concession à Budapest, en Hongrie, sa 182e à l’échelle mondiale. Existe-t-il encore du potentiel pour de nouvelles concessions ailleurs dans le monde, et même ici au Canada ?
Andrea Baldi — À l’échelle mondiale, nous cherchons toujours à garantir que nous soutenons nos clients au mieux de nos capacités. S’il existe une opportunité de nous développer sur de nouveaux marchés offrant un meilleur service à nos clients, nous l’explorerons toujours. Pour ce qui est du Canada, nous croyons que nous disposons actuellement d’un solide réseau de concessionnaires au Canada qui répond le mieux aux besoins de nos clients, mais nous réfléchissons à nos démarches futures.
Le portrait d’un acheteur de Lamborghini a-t-il changé depuis l’arrivée de l’Urus ?
Andrea Baldi — Un client Lamborghini est audacieux et recherche un produit évoquant des émotions. Ce sont des PDG et des entrepreneurs ambitieux qui aiment se récompenser avec l’achat d’un produit Lamborghini. L’Urus a contribué à diversifier davantage notre clientèle en attirant beaucoup plus de femmes à la marque et une part importante d’acheteurs qui en sont à leur premier produit Lamborghini.
La première Lamborghini à motorisation électrique est promise pour la fin de cette décennie. Toutefois, l’électrification est-elle compatible avec l’image de la Lamborghini rugissante ?
Andrea Baldi — Avec la Lanzador, un modèle grand tourisme à garde au sol élevée, nous regardons vers l’avenir sans oublier notre ADN. La Lanzador offrira aux clients une expérience de conduite nouvelle et inégalée, typiquement Lamborghini, grâce à des technologies révolutionnaires.
La Lanzador, qui sera la première « ultra GT », sera un lien parfait entre l’Urus et nos supersportives. Elle nous permettra aussi de rejoindre une nouvelle clientèle.
L’électrification peut-elle contribuer à accroître votre volume de ventes ?
Andrea Baldi — Il est trop tôt pour discuter de volume. Cependant, l’exclusivité restera toujours un pilier principal de notre stratégie.
En 2012, Lamborghini a livré 2083 véhicules et 9233 en 2022. Dernièrement, votre président et directeur général d’Automobili Lamborghini, Stephan Winkelman, déclarait que les livraisons en 2023 pourraient atteindre 10 000 unités. Comment expliquer cette progression étonnante ?
Andrea Baldi — L’Urus continue de jouer un rôle important dans les résultats records de l’entreprise. Son succès a permis le plus grand investissement de l’histoire de l’entreprise – plus de 1,9 milliard d’euros – pour la conversion aux véhicules hybrides et électriques de toute la gamme de produits.
Sur la photo d’entête:
Andrea Baldi, président et chef de la direction d’Automobili Lamborghini America.