Les chances sont bonnes que le Canada atteigne le chiffre magique de deux millions de voitures neuves vendues en 2017, selon la direction du Canadian Black Book.
Brian Murphy, vice-président à la rédaction du Canadian Black Book, a partagé cette nouvelle dans le cadre d’une conférence lors de l’évènement TalkAUTO Canada 2017, tenu au Toronto Congress Centre d’Etobicoke, le 8 novembre dernier.
Murphy a abordé les ventes de véhicules d’occasion, la location et les tendances de consommation, mais la perspective des deux millions de voitures neuves était le sujet chaud de l’heure, et il a donné quelques indices suggérant que cet objectif sera atteint.
Par: Perry Lefko / Traduction: Louis-Philippe Dubé
On y est presque !
Il a fait une estimation du nombre de véhicules neufs vendus jusqu’à la fin octobre et a projeté le résultat de deux millions en se basant sur les ventes de novembre et décembre des années passées.
« Notre industrie n’a plus besoin que de 243 126 voitures pour atteindre les deux millions, a-t-il dit. Si on regarde la moyenne de la dernière décennie pour novembre et décembre, elle est de 242 869. Donc, si les ventes de novembre et décembre restent dans la moyenne cette année, il nous manquera seulement 257 véhicules pour atteindre les deux millions, ce qui serait pathétique. »
« En regardant dans cette salle, je ne pense pas voir de personnes aux talents moyens, alors je sais que nous allons faire mieux que ça. Nous allons frapper un coup de circuit. Nous avons été sous la barre des 243 126 seulement de 2008 à 2011, et nous avons remonté à 262 812 ces cinq dernières années, ce qui veut dire que nous pourrions dépasser les deux millions par 19 000 véhicules. Si nous ne réussissons pas, oubliez que nous avons eu cette conversation! »
Murphy a affirmé que les ventes de véhicules neufs étaient en hausse de 5,6 % cette année et a ajouté que c’était incroyable compte tenu des performances de 2010. « Nous avons eu une croissance de 41 % depuis 2010, ce qui est absolument astronomique, » a-t-il dit.
Il a noté que Jaguar avait connu une hausse de 68 % depuis l’année dernière, sans parler d’Audi avec 18,6 %, General Motors avec 17,5 %, Porsche avec 14,5 % et Lexus, Volkswagen et Mercedes-Benz dans les alentours de 12 %.
« C’est phénoménal, mais on veut savoir s’il y a un envers à la médaille, et je vais vous dire que le problème avec ces ventes faramineuses est qu’un jour ces voitures neuves reviendront sur le marché en tant que véhicules usagés. Par conséquent, ce boom des ventes produira plus de véhicules d’occasion, pas aujourd’hui ni demain, mais dans 3 à 5 ans, et ça créera un excédent. »
Berlines vs VUS
Il a ajouté qu’au milieu de toute cette affaire, les ventes de berlines traditionnelles étaient en déclin important tandis que les VUS et camions étaient à la hausse.
« Dès la fin des années 90, on a pu voir qu’il y avait un certain équilibre entre les ventes de voitures et les ventes de camions, jusqu’en 2009, où la tendance s’est complètement renversée. En gros, les voitures ont perdu l’avance qu’ils avaient su conserver depuis les premières données de Statistique Canada sur le sujet. Les ventes de voitures commencent vraiment à souffrir. Ces deux dernières années, elles ont baissé de 5 % comparé à celles des camions et VUS. »
« Je vais prendre un risque et prédire que nous vendrons bientôt 15 % de voitures contre 85 % de VUS et camions. C’est intéressant, parce que les effets sur nos affaires sont bien réels. En général, les voitures ont une valeur résiduelle plus faible comparativement à leur prix initial. »
« C’est la question de l’œuf ou de la poule. La raison pour laquelle elles ont une valeur résiduelle plus basse est qu’elles sont moins en demande. Ça montre que le consommateur mène le marché puisque les constructeurs aiment fabriquer des véhicules que les gens voudront acheter. »
Il a rapporté que le Canadian Black Book annonce depuis le printemps que la valeur des camions commence à plafonner. « Les camions ont pris un essor important dès 2013, mais on voit maintenant qu’ils commencent à perdre de la valeur, dit-il. Nous pensons qu’il y aura une correction des prix de 5 à 6 % dans les 18-24 prochains mois. »
Murphy a également remarqué que la location de voitures est en santé. « Nous sommes bien loin de cette époque en 2008 où la moitié des véhicules sur le marché étaient en location, ce qui était déjà une situation dangereuse. La location a doublé depuis 2010, une croissance remarquable qui a pour effet de mettre encore plus de véhicules d’occasion sur le marché. Il ne faut pas l’oublier : les voitures en location sont comme des boomerangs, elles reviennent, et lorsque nous en fabriquons de plus en plus, elles créent de la pression sur l’approvisionnement et de la pression sur les prix. »
Il a rapporté qu’entre 2013 et 2017, 200 000 à 225 000 véhicules avaient été retournés à la fin de leur bail, et a prédit qu’entre 2019 et 2021, 400 000 véhicules en location allaient revenir chez les concessionnaires chaque année.
« Deux fois plus de quelque chose sur le marché, ça ne fait pas monter les prix, ça les fait habituellement baisser, a-t-il dit. C’est une des inquiétudes que nous avons. Pour mettre tout ça en perspective, environ trois millions de véhicules d’occasion changent de mains chaque année au Canada. Ça représente une augmentation de l’offre d’environ 7 %. »
« Le retour de tous ces véhicules est inévitable et rien n’arrêtera cette tendance. La clé sera donc la planification. Trois choses devront être au centre de votre attention si vous êtes responsables de véhicules en fin de bail : le remarketing, le remarketing et le remarketing. Bien mené, le remarketing vous économisera des millions de dollars et protégera la valeur de votre marque. Mal mené, il vous fera perdre des millions et finira par abimer votre marque. »
Murphy a aussi indiqué que les ventes de véhicules d’occasion étaient en hausse de 9,5 % cette année, ce qui est stupéfiant selon lui puisque la population du Canada ne connaît même pas une croissance aussi élevée.
« À tous les vendeurs de véhicules usagés dans la salle, je vous dis que vous battez encore une fois les vendeurs de véhicules neufs… »
Sur la photo d’entête: Brian Murphy, vice-président à la rédaction du Canadian Black Book